LA SÉMANTIQUE : DE L’ÉNONCIATION AU SENS COMMUN
Éléments pour une pragmatique topique
Georges-Elia SARFATI
Université Blaise Pascal (Clermont Ferrand II)
(Extrait du Mémoire d’habilitaion, 1996 [*])
SOMMAIRE :
Avant propos
PREMIÈRE PARTIE : DE L'ÉNONCIATION AU SENS COMMUN
1. Recherches doctorales
2. La critique du représentationalisme et le sens commun
linguistique
3. La saisie des formations doxiques
3.1. Le modèle lexicographique
3.2. Lexique et sens commun : la notion de réseau énonciatif
standard
3.3. Le modèle d'analyse globale du sens commun
4. De la métalexicographie à l'analyse du discours
lexicographique
5. Le modèle étendu : le traitement discursif du sens commun
DEUXIEME PARTIE :
POUR UNE HISTOIRE DU CONCEPT DE SENS COMMUN
1. Position du problème
2. Dimensions du sens commun dans la philosophie classique
2.1. Sens commun et sensibles communs : Aristote et le débat
classique
2.2. Le sens commun comme rationalité commune : l'épreuve du
discours philosophique
2.2.1. Indices d'une récusation du sens commun dans le
discours philosophique
2.2.2. Indices d'une valorisation du sens commun dans le
discours philosophique
3. Mutations du sens commun
3.1. Le tournant linguistique de la philosophie :
thématisations du sens commun
3.1.1. Prémisses et motifs d'une philosophie du sens commun
3.1.2. De la science des idées et de l'idéologie
3.2. Les métamorphoses du sens commun : sens commun et
critique du représentationalisme
3.2.1. L'évolution de la philosophie du langage
3.2.2. J.L. Austin : l'émergence du paradigme pragmatique
3.2.3. Gramsci, lecteur de Marx : idéologie, sens commun,
langage commun
4. Conclusion
TROISIEME PARTIE :
POUR UNE THÉORIE SÉMANTIQUE DU SENS COMMUN
1. Différences spécifiques du statut du sens commun en
philosophie et en linguistique
1.1. D'une définition à l'autre
1.2. Valeur des trois moments philosophiques pour une étude
linguistique du sens commun
2. D'une position à l'autre
2.1. Normativité et descriptivité
2.2. Discours philosophique et topoï
3. D'un objet à l'autre
3.1. Le sens commun du sens commun
3.2. L'idée de topoï dans la théorie de l'énonciation
4. Conditions méthodologiques et théoriques d'une analyse
linguistique du sens commun
4.1. L'évolution de la linguistique et la question du sens
commun
4.1.1. Les limites du paradigme pragmatique
4.1.2. Vers le paradigme topique
4.2. Problèmes d'une définition et d'une théorie linguistique
du sens commun
4.2.1. Statut théorique des concepts : sens commun, topoï,
doxa
4.2.2. Le sens commun linguistique
5. Les tâches de la sémantique de l'énonciation
5.1. Théorie de la langue
5.2. Étude en langue des topoï et analyse du discours
QUATRIEME PARTIE :
POUR UNE POLITIQUE DU SENS COMMUN
1. Le sens commun et la possibilité de la critique
1.1. La condition cognitive
1.2. La condition sémiotique
1.3. La condition philosophique
2. L'espace doxique de la communication : le modèle discursif
1
2.1. L'arrière-plan topique des discours
2.2. Activité discursive et réalité
2.2. l. Doxa, langage, réalité
2.2.2. La notion de réalité discursive
2.3. La liaison doxa/discours
2.3.1. Le modèle analytique
2.3.2. Le modèle dialectique
2.3.3. Les effets théoriques
3. L'espace théorique de la fonction critique : le modèle
discursif 2
3.1. La relation doxa/discours et le problème de l'analyse du
discours
3.1.1. Position du problème
3.1.2. La place de l'analyse du discours
3.2. La relation doxa/discours et les enjeux de l'analyse du
discours
3.2.1. Analyse du discours et compétence topique
3.2.2. Analyse du discours et théorie du discours
3.2.3. Analyse du discours et pratique interprétative
4. L'espace discursif de la fonction critique : le modèle
discursif 3
4.1. L'arrière-plan topique de la société contemporaine
4.1.1. La structuration historique : le consensus universel
4.1.2. L'économie sémiotique actuelle : le consensus
politico-social
4.2. La reproduction sociale communicationnelle
4.2.1. La médiatisation du réel
4.2.2. La déréalisation du réel
5. La forme discursive de la fonction critique : le modèle
discursif
4
5.1. Pragmatique topique et pratique critique
5.1.1. Remarque liminaire
5.1.2. De la réception à l'interprétation
5.2. Pragmatique topique et contre-pouvoir
5.2.1. Le modèle socratique
5.2.2. Le légalisme critique
5.3.1. La position énonciative
5.3.2. Le moment dialogique
5.3.3. Critique et lien social
6. Remarques finales
7. Doxa, orthodoxie, hétérodoxie, paradoxe
(note prospective)
BIBLIOGRAPHIE
POSTFACE (2004)
Le présent mémoire a pour principal objet d'introduire à la délimitation théorique et pratique de la question du sens commun, d'un point de vue philosophico-linguistique.
Pour ce faire, il prend acte d'un certain nombre de parcours et d'incursions dans des domaines aussi différents que la sémantique de l’énonciation, l'histoire de la philosophie, la théorie du langage, la philosophie politique.
Il y est question de dégager une perspective de recherche autant que les grandes lignes d'une praxis politique originale.
Au principe de cette conceptualisation, il faut considérer un premier cycle de travaux conduits à partir de la pragmatique du langage, relatifs à l’évaluation de la tradition lexicographique dans cette nouvelle optique, et aboutissant, l’évolution propre de la discipline aidant, à la thématisation d'un objet jusque là tenu pour un prérequis autant qu'un impensé des sciences du langage. Les mutations internes de la pragmatique linguistique ont en effet porté les chercheurs, tant du domaine français que du domaine anglosaxon, à infléchir le programme de recherche, en s'intéressant au problème des conditions de l’énonciation, désormais appréhendées - à travers la diversité des terminologies et des prismes théoriques - comme le lieu de détermination ultime de la production énonciative. Ayant pour notre part radicalisé les attendus de cette nouvelle orientation dans le sens d'une systématisation de cette compréhension de la langue, dans ses rapports avec le monde de la vie, nous tenterons ici d'indiquer toutes les conséquences, pour les sciences sociales, d'une reprise de l'ancienne question de la doxa et des lieux (topoï) du discours dans le cadre d'une pragmatique topique.
Quatre études composent un ensemble que nous avons voulu à la fois précis et synoptique. Suffisamment précis du moins pour rendre compte du déroulement d'une élaboration en cours de constitution; nécessairement synoptique afin que l’articulation des parties à ce tout ne sacrifie rien de l’unité qui résulte d'un premier essai pour penser de manière cohérente des aperçus autrement tenus pour disjoints, éloignés l’un de l'autre.
Le premier chapitre - De l’énonciation au sens commun - récapitule à grands traits les principales étapes d'une recherche au cours de laquelle le thème du sens commun s'est peu à peu imposé comme nouvel objet d'investigation pour la sémantique .La seconde partie - Pour une histoire du concept de sens commun - propose une première délimitation du statut de la notion dans l'histoire de la philosophie, de sorte à indiquer, par une approche radicale, comment son évolution se trouve étroitement liée à la problématique du langage et du politique dans le cadre de l’histoire de la philosophie. La troisième partie - Pour une théorie sémantique du sens commun - avance un certain nombre de propositions théoriques pour la constitution d'une branche de la sémantique tournée sur l’étude du sens commun. La quatrième partie – Pour une politique du sens commun - vise à caractériser en première approximation les premiers principes autant que les conditions d'apparition d'une pratique politique et d'une théorie critique en quelques sorte déduites de la fondation théorique antérieure.
[*]
Nous publions ici un texte qui, avec d’autres travaux, a été
soutenu comme mémoire d’habilitation, en février 1996 à
l’Université de la Sorbonne-Paris IV. En sciences du langage,
ainsi qu’en philosophie, la multiplication des recherches sur
la doxa et le sens commun, nous a convaincu de rendre public
les linéaments du programme de recherche exposé dans ces
pages. Avec d’autres textes, il frayait la voie à une
problématique qui connaît aujourd’hui un essor non
négligeable.
Le lecteur pourra également se reporter à la Postface au
mémoire de 96 où se trouvent exposés, en même temps que
les éléments d’une mise en perspective de cette recherche, un
aperçu historique de sa genèse et de ses développements
ultérieurs.
Remerciements :
J’ai plaisir à remercier à plus d’un titre François Rastier. La mise en ligne de ce mémoire sur Texto en facilitera la diffusion. Les développements ultérieurs de l’esquisse publiée ici doivent beaucoup à ses remarques, comme à la connaissance de ses propres travaux. Nous lui sommes très reconnaissant de nous avoir donné l’occasion de cette mise au point.
G.-E. Sarfati
Vous pouvez adresser vos commentaires et suggestions à : eliasarfati@hotmail.com